ÉPISODE 39 : L’atelier du gagne-pain de Yann Gabay et la publicité digitale.
Dans l’Atelier du gagne pain, nous allons prendre le temps de rencontrer régulièrement des professionnels du recrutement. Avec eux, nous découvrirons un autre regard sur les métiers du digital. Dans ces ateliers, nous vous proposerons les conseils de ces professionnels pour faire les bons choix dans votre projet et vous aider à trouver le gagne pain qui vous convient.
Pour ce septième atelier, nous avons le plaisir d’accueillir Yann Gabay, fondateur et CEO de l’académie du digital, Oreegami. Après 20 ans d’expérience professionnelle dans des agences autour de la publicité digitale , Yann a décidé de créer sa propre formation digitale, gratuite. Il est avec nous aujourd’hui, pour nous parler de son expérience dans ce milieu de la publicité digitale afin de pouvoir nous éclaircir sur ce secteur.
Merci à Yann, pour sa participation et nous espérons que l’écoute vous plaira ! Si vous aimez l’épisode, mettez-nous 5 petites ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ pour nous encourager.
Vous travaillez dans le digital et vous souhaitez faire connaître votre métier, partagez votre expérience ?
N’hésitez pas à nous contacter pour nous proposer votre profil pour une prochaine interview en nous contactant via l’adresse legagnepain @gmail.com
J’ai en effet 20 ans d’expérience dans des agences, le marketing digital et particulièrement autour des métiers autour de la performance et de la publicité digitale…
Yann Gabay, CEO et fondateur d’Oreegami
Notes du podcast et liens utiles :
Notre invité : Yann Gabay – Profil LinkedIn
Interview faite par : Bertrand Jonquois – Profil LinkedIn
La retranscription de l’épisode 39 :
Bertrand
Bonjour Yann.
Yann
Bonjour Bertrand.
Bertrand
Merci beaucoup Yann d’avoir accepté notre invitation. Yann est le fondateur et le CEO de Oreegami, une académie gratuite du marketing digital et un tremplin vers l’emploi. Il a 20 ans d’expérience dans la publicité digitale, notamment chez Publicis et Netbooster. Est ce que j’ai oublié des choses importantes ?
Yann
Non, très bien. J’ai en effet 20 ans d’expérience dans des agences, le marketing digital et particulièrement autour des métiers autour de la performance et de la publicité digitale…
Bertrand
Dans l’atelier du Gagne-Pain, on a pour objectif de proposer des conseils aux jeunes qui nous écoutent pour les aider à trouver un job dans le digital, à construire leur carrière. Et si tu en es d’accord, j’aimerais qu’on oriente notre entretien autour de la publicité digitale, des AdTech, des métiers de la publicité digitale qui est un secteur qui recrute énormément. Et donc, si ça te va, avant de commencer, j’aimerais bien que tu nous parles un peu de d’Oreegami.
Yann
Oreegami, c’est une académie que j’ai lancée il y a quatre ans, qui s’adresse principalement à des gens qui ont, soit planté leur parcours éducatif initial, donc en fait un licence, un master, un DEUG, quelque chose qui ne leur a pas plu, ou qui ne l’ont pas réussi ou qui étaient dans la mauvaise filière pour trouver du boulot après. Soit des gens qui sont allés au bout, qui ont trouvé du boulot mais qui se sont rendu compte que ce n’était pas du tout ça qu’ils voulaient faire. Parfois, on a juste envie de changer et donc d’accepter de se reconvertir. Ça, c’est vraiment notre cible. Avec un focus sur des gens qui n’ont pas la chance d’avoir un réseau, qui n’ont pas la chance d’avoir des parents qui sont déjà cadre sup et qui vont les aider, les accompagner, etc… Donc, grosso modo, notre créneau, c’est en fait du transfuge de classe. On va prendre des gens issus de la classe ouvrière et qui vont partir sur des postes cadres…
Bertrand
Et tu les réorientes vers l’emploi et notamment l’emploi dans le digital ?
Yann
Oui, nous la formation, c’est un moyen, l’objectif c’est l’emploi. Et on est gratuit, mais en fait, on n’est pas vraiment gratuit, on est financé avec des organismes comme, Pôle Emploi, comme la Afdas (opérateur de compétences (OPCO) des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des télécommunications), comme Atlas (OPCO), etc.. Et on va les accompagner en développement personnel, en accompagnement vers l’emploi. On a un réseau d’entreprises, donc on joue aussi ce rôle du réseau et on est assez sélectif à l’entrée . On a pas mal de candidatures, donc on est assez sélectif. Par contre, on sélectionne que sur des critères de Soft Skills, d’attitude, de capacité à réfléchir, d’expériences cognitives. Et on accompagne ensuite vers des métiers que parfois les gens ne connaissaient même pas, comme c’est le cas de beaucoup de tes auditeurs.
Bertrand
Donc là, on est vraiment orienté vers les métiers de la publicité digitale. C’est même le sujet principal sur lequel tu travailles avec ces personnes que tu reconvertis ?
Yann
Oui, tout à fait.
Bertrand
Et tu vas les placer dans les grandes agences de publicité digitale , les Havas, les Publicis…
Yann
Oui, alors ca mérite d’être expliqué, comment ça fonctionne ce secteur là dans la publicité digitale ? Au bout de la chaîne alimentaire, il y a l’annonceur, l’annonceur, c’est la marque, c’est Nike, Adidas, Apple qui qui a besoin de se faire connaître, qui a besoin de pousser son produit ou son service. C’est lui qui a le portefeuille. cet annonceur, ses publicités vont être diffusées sur des sites de publisher (Éditeur / Publisher, dans le marketing numérique, l’éditeur est celui qui fournit l’espace sur son site ou son application permettant aux annonceurs de diffuser des publicités digitales).. Google, c’est un publisher, moteur de recherche, mais c’est un publisher. Le Monde, l’Express etc c’est des publishers. Les sites e- commerce sont maintenant aussi d’ailleurs des publishers. Et entre les deux, il y a tout un tas d’acteurs qu’on ne connaît pas. Les deux premiers, on les connaît bien, il y a tout un tas d’acteurs. Au début, il y a les agences, donc l’annonceur ne va pas directement voir les publishers.
Yann
La plupart du temps, les gros annonceurs vont voir des agences qui vont faire la stratégie, qui vont acheter pour eux (mandatées). Et de l’autre côté, côté publisher, il y a les régies publicitaires, donc des gens qui vont vendre aux agences. En fait des gens qui commercialisent ce qu’on appelle l’espace publicitaire, donc les emplacements publicitaires. Très souvent, les régies appartiennent aux publishers. Par exemple, Google ADS, c’est la régie de Google…
Bertrand
Donc si on résume, pour essayer de cadrer ça par rapport à ceux qui nous on a grosso modo quatre acteurs, on a un annonceur qui lui paie et veut faire connaître ses produits. On a une régie publicitaire ou un publisher qui lui met en avant les produits de l’annonceur. Et puis, entre ça, on a beaucoup d’agences, de prestataires qui vont intervenir pour travailler sur la communication.
Yann
Un cinquième acteur qui est très important, qui sont les AdTech. Donc toutes les technologies de l’advertising qui en fait participent à cet écosystème et qui vont être des technos pour acheter, pour vendre, pour vérifier que ça marche, pour mesurer les performances, pour analyser les données etc…
Bertrand
Tout cet écosystème est très dynamique. On a eu tendance un peu à enterrer la publicité alors qu’elle reste extrêmement dynamique. Elle a repris un regain d’intérêt à la fois pour les marques mais aussi pour le marché en général et évidemment pour ceux qui nous écoutent…
Yann
Mais c’est surtout un très gros marché qui représente 7 milliards et demi d’euros l’année dernière et qui a encore augmenté de 12 % là au premier semestre. Donc très très gros marché.
Bertrand
Et toi chez Oreegami, tu intervient pour former des gens et tu vas les orienter vers ces marchés de la publicité digitale et principalement vers les agences.
Yann
Les agences sont clairement les plus gros recruteurs. Il y a des dizaines et des dizaines de postes ouverts. Aujourd’hui, on a des promotions entières dédiées à certaines agences comme Publicis, comme Dentsu etc.. On a des régies aussi comme Reworld avec qui on travaille. Mais c’est vrai que globalement 60 à 70 % de nos apprenants occupent des postes en agence aujourd’hui.
Bertrand
Alors on a compris le marché, c’est un le démarrage de notre entretien. Dans le marché de la publicité et notamment dans la publicité digitale c’est quoi les Métiers ?
Yann
Alors les métiers, c’est des métiers que personne ne connaît. En général, on connaît tous les métiers chez les annonceurs et traffic manager, community manager, etc… Plus ou moins. Par contre les métiers d’agence et principalement les métiers de la publicité digitale qui est vraiment une sous discipline du marketing digital, ça va être surtout des métiers du trading. Aujourd’hui en trading, parce qu’il faut savoir que les emplacements publicitaires, les bannières, les liens sponsorisés dans les moteurs de recherche, les posts sponsorisés sur Facebook s’achètent via des plateformes et sur un système d’enchères. En fait, c’est à celui qui est prêt à payer le plus pour avoir cet emplacement à ce moment là, dans la journée avec sa pub…
Bertrand
Donc quand on entend trading, on pense à Bourse. Mais c’est le même système on achète et on revend ?
Yann
On ne revend pas dans ce sens là, par contre on achète, on place une enchère et, soit on à soit on n’a pas, parce que quelqu’un avait été prêt à payer plus cher que nous. C’est la même chose que la Bourse dans le sens où il y a une valeur marchande qui dépend de l’offre et de la demande.
Bertrand
Ce qui fait que ces métiers sont devenus de plus en plus technologiques. On n’est plus simplement en train de taper dans la main d’un vendeur d’espace publicitaire pour finaliser l’offre, mais au contraire, on va sans arrêt enchérir…
Yann
Ils sont devenus technologies et algorithmiques. C’est à dire que tout ce qu’on va faire va être piloté par des algorithmes. Dans ces métiers, on ne fait pas les algorithmes, par contre on les utilise.
Bertrand
Et donc ça, c’est le métier du trading. Et donc ça, c’est un des gros sujets sur lequel tu intervient chez Oreegami ?
Yann
C’est un métier qu’on couvre énormément. Parce qu’on n’est pas beaucoup à être capable de former sur ces métiers là de manière très spécifique. Ça demande beaucoup d’opérationnel, beaucoup de « faire ». On est vraiment dans le « Learning by Doing ». C’est très à la mode, mais c’est vrai que c’est le seul moyen d’apprendre ces choses là. Et donc il faut des accès aux plateformes, il faut des budgets à investir. Il faut tout ça. Ce n’est pas évident à mettre en œuvre, et on est capable de le faire. On a même développé des outils de simulation qui permettent de simuler des campagnes. Et donc ces métiers se déclinent en plusieurs types de métiers. Parce que selon les plateformes, on ne va pas forcément opérer les mêmes formats publicitaires. Par exemple, il y a trois métiers principaux dans le trading : Les Traders Search, ceux qui vont travailler principalement sur Google et un peu Bing. Donc là on achète des mots clés.
Bertrand
Dans les moteurs de recherche…
Yann
Oui, pour faire ressortir des annonces ou des petites vignettes avec des produits, etc… Il y a les métiers du Trading Social, Donc là il s’agit d’être dans les réseaux sociaux mais pas en Community Management, pas du tout en animation de réseaux. Là, c’est vraiment de la publicité digitale.
Bertrand
J’achète de l’espace publicitaire…
Yann
Oui, là on achète des des formats carrousels, des vidéos etc… Et puis enfin les métiers du trading display. Donc display c’est affichage, donc ce sont les bannières et les vidéo et l’audio d’ailleurs qui est dans le display. Typiquement la publicité des podcasts font partie du display. Et là pareil on va acheter via des plateformes de trading qui s’appellent des DSP. On va acheter des inventaires. Alors ce qui est particulier, c’est qu’on ne va pas acheter forcément un site ou un autre. On va plutôt acheter des types d’individus en fonction de données qu’on va utiliser et collecter.
Bertrand
C’est là que la data intervient. Il faut à la fois maîtriser la data, comprendre la data et puis effectivement utiliser les outils pour mettre en œuvre cette data ?
Yann
Ce n’est pas la peine d’être un Data Analyst, c’est pas la peine de savoir collecter, analyser la donnée. Par contre, il faut comprendre comment on peut l’utiliser pour créer des cibles, des audiences et optimiser ses campagnes. On manipule des chiffres malgré tout dans tous ces métiers, parce qu’en fait on va analyser les performances. Quand je fais une campagne de Search, chaque mot clé va avoir des affichages, des clics, des ventes etc, qui vont être mesurés. Et donc je vais choisir sur lequel j’investis est-ce que je montre, je baisse mon enchère.
Bertrand
Donc ça veut dire quand même qu’au final on fait des tableaux Excel, on fait un peu de données collectées quelque part qu’on doit mettre en forme d’une certaine manière ?
Yann
Le tableur est le meilleur ami du trader. Définitivement, qu’il le veuille ou pas, c’est un énorme bloc chez nous, Excel dans notre formation qui dure trois mois. Ca doit représenter facilement 4 à 5 jours, ce qui est énorme, sur 60 jours. 10 % de la formation c’est Excel.
Bertrand
OK, on en a besoin. Il faut quand même, à la fois l’utiliser et puis après un peu, l’analyser. Et donc ces métiers du trading en agence, c’est des métiers qui recrutent beaucou
Yann
Rien qu’à Paris, il y a déjà plusieurs centaines de postes ouverts en ce moment. Et il y a surtout pas de candidats. Peut être parce que personne ne postule. Vous voyez un trader sur une annonce, qu’est ce que c’est que ce truc ? Si vous avez fait du marketing dans votre vie, vous ne dites pas je postule à ça en fait, si vous ne lisez pas la fiche de poste qui est derrière. Et donc le simple fait de faire connaître ces métiers, ce que tu fais, va déjà développer ça. Et ensuite, si je veux arriver formé, je peux me former par des organismes comme le nôtre.
Bertrand
On a interrogé déjà plusieurs personnes qui travaillent en agence. Il y a quand même un autre aspect, et toi, t’as aussi travaillé en agence, donc c’est quand même une ambiance. Y-a quand même des petites fêtes. Il y a un truc qui est quand même sympathique en terme de qualité de travail ?
Yann
Nous, on a jamais autant de candidats que quand on fait des informations collectives chez les agences. Quand on invite des gens chez Publicis, qui voit les locaux qui voient l’ambiance, qui voit les gens, qu’ils leur parlent, les anciens qui parlent de leur métier, ils ont qu’une envie, c’est d’y travailler. C’est des métiers bien payés. Donc un junior va démarrer à 25K€ bruts, soit même un peu plus maintenant. Les enchères montent aussi. Le recrutement c’est du trading aussi maintenant. On a des locaux qui sont sympa, on a des environnements qui sont très dynamiques, on apprend tout le temps, on a des régies qui viennent aussi intervenir, qui viennent vous former. Les Meta, Les Google mais pas qu’eux. Et si toutes les technos, The Trade Desk et companie qui vont venir vous former et là aussi c’est pareil, ce sont des gens assez sympathiques. Les formations finissent toujours avec un apéro, un goûter, donc c’est plutôt une très bonne ambiance.
Bertrand
Alors maintenant si on veut mettre des noms, on a dit tout à l’heure Publicis Dentsu… Il y a une sorte de top 6 des gros acteurs. C’est qui ces gros acteurs, si on veut essayer de les représenter et de donner des noms à ceux qui nous écoutent ?
Yann
C’est un bon sujet. Et c’est gros parce qu’on les appelle les BIG SIX. En fait, ce sont évidemment Publicis, Dentsu, tu les as déjà cités, Havas que beaucoup de gens connaissent aussi. Et puis des gens qu’on ne connaît pas trop, comme WPP, un gros groupe anglais qui existe en France, qui est assez présent. Omnicom, qui est aussi un gros groupe de communication, qui a des agences comme OMD, comme Remind etc… Et IPG que personne ne connaît. Tout le monde connaît une agence de pub IPG qui s’appelle McCann, Universal McCann, Mais je crois que c’est la seule marque qu’on connaît de chez eux. Mais qui a aussi des agences qui sont assez performantes et qui fait partie des BIG SIX.
Bertrand
Et en dehors de ces BIG SIX ?
Yann
Il y a quand même un écosystème, ultra dynamique parce que ultra expert. Comme c’est des métiers qui changent beaucoup. Il y a beaucoup d’agences qui se créent sur des nouveaux métiers ou sur une expertise particulière. Donc on a des agences indépendantes de Search, donc encore une fois sur les moteurs de recherche. On a des agences indépendantes sur tous les réseaux sociaux, on a des agences indépendantes sur le trading display qui s’appelle des trading desk. Ca, donc ça existe aussi, et puis on a des plus petites agences qui font un peu de tout et qui sont aussi très performantes.
Bertrand
Donc pour ceux qui s’intéressent à ce métier et qui nous écoutent, il y a de quoi faire. Il faut aller un peu chercher, gratter pour comprendre un peu l’environement…
Yann
On a cité les gros, mais on peut citer alors, pour ceux que ca intéressent Résoneo, une agence indépendante plutôt cotée Search, Ad’s up..
Bertrand
Artefact où tu as travaillé ?
Yann
Oui, qui est très centré data, maintenant. Globalement il y a plein d’autres, je suis désolé pour ceux que je n’ai pas cité…
Bertrand
Alors si on regarde un peu et si on fait un pas de côté par rapport au métier de la publicité digitale, il y a aussi évidemment les annonceurs. Et quand on parle des annonceurs, on a évoqué ça tout à l’heure. Il y a aussi plein de métiers intéressants. Et puis il y a les commerçants. Donc là, comment ça se traduit ce métier et comment est ce que toi tu formes aussi des gens vers ces autres acteurs ?
Yann
Alors que chez les annonceurs, il y a deux types d’annonceurs. Il y a les très gros annonceurs, qui ont internalisé une partie de ces compétences. C’est à dire qu’ils font en interne une partie de ce qu’avant faisait l’agence. Je veux parler de Cdiscount ou de SNCF Connect, de très grosses boites comme La Redoute, etc… Qui ont des enjeux online, donc en ligne, très importants. Eux ils internalisent les compétences, donc ils ont carrément de petites agences en interne. Eux ils recrutent des traders, Pierre et Vacances Center Parcs, on a beaucoup de alumni chez eux…
Bertrand
Donc ça veut dire qu’on a une petite agence chez l’annonceur. C’est la même, la même organisation, mais elle se passe chez chez l’annonceur, chez la marque ou le E-commercant ?
Yann
Oui, Il a internalisé ses compétences, alors il a toujours des agences pour avoir un peu de conseil externe aussi. Mais globalement, ça, c’est un sujet. Et puis on a donc autour de ça des profils et des annonceurs plus petits où même les gros vont avoir des profils un peu plus généralistes. Qui vont être des pilotes qui vont plutôt arbitrer, plutôt coopérer, ce qu’on appelle les Traffic Managers. Qui sont des profils plus polyvalents, peut être moins experts sur chaque domaine, mais avec une bonne connaissance de tout ça.
Bertrand
Eux, ils vont orchestrer un peu. Ou les prestataires ou l’agence avec lesquels ils travaillent ?
Yann
Ou les équipes internes.
Bertrand
Et ils vont un peu guider vers la performance, le ROI, le Retour sur Investissement…
Yann
Oui pour analyser la manière dont les leviers sont utilisés et ils vont en tirer des conclusions et essayer de réorienter. C’est vraiment des chefs d’orchestre, c’est vraiment ça leur boulot, c’est des chefs de projet en quelque sorte. Ça c’est des métiers assez intéressants. Et puis il y a tout un pan de métiers qui existe partout et qui est aussi très peu connu sur les métiers du Tracking. Le Tracking, c’est donc mesurer. Pour mesurer, on met des petits codes de tracking sur les pages. Il faut des gens capables de faire des stratégies de tracking, de choisir les éléments à mesurer, quelle page va être mesurée. Qu’est ce qu’on va mesurer comme indicateurs sur cette page. Est ce qu’on doit remonter le prix du produit, etc…
Bertrand
OK, ça me semble extrêmement clair. Merci beaucoup Yann, c’est très utile. J’aimerais bien qu’on termine cet entretien avec tes conseils. Alors j’ai déjà entendu ce que tu as dit à d’autres micro ou dans des interviews. Et j’aimerais bien que tu décline ça pour ceux qui nous écoutent. Aujourd’hui, quels sont tes conseils pour aider les jeunes à trouver un job dans le digital ?
Yann
Déjà, c’est d’arrêter de vouloir être chef de projet digital. C’est un métier qui existe, mais ça veut tout et rien dire à la fois. Chef de projet digital, ça peut être quelqu’un qui gère des projets de sites Internet, comme quelqu’un qui gère la digitalisation d’une PME. Donc ça veut rien dire du tout. Ça existe encore une fois, mais ce n’est pas un métier, c’est aussi plein d’autres choses et donc il faut se renseigner et écouter tous les métiers que tu présentes dans ton podcast. Comprendre les choses, aller sur Indeed, sur sur Pôle-Emploi, peu importe. Mais ouvrir des fiches de postes, regardez ce qu’on demande dans ces fiches de postes. Par contre, pas trop s’attarder sur le profil type qu’on demande parce qui n’existe pas. Il faut bien se dire que la personne qui est débutant avec cinq ans d’expérience, qui a fait un bac plus cinq de publicité, ça n’existe pas. Donc voilà, il ne faut pas se traumatiser avec ça. Par contre, il faut regarder les missions.
Yann
Les missions, c’est des choses super intéressantes. Reporting, on a pas parlé de ça, mais c’est une mission très importante. Être capable de discuter avec un client, de présenter des choses à un client, etc.. Donc typiquement il faut regarder ça, il faut se renseigner.
Bertrand
Ça, c’est la première chose, c’est la curiosité. Il faut être curieux et il faut s’intéresser à ce métier de la publicité digitale pour le comprendre et comprendre quelles sont les opportunités de job.
Yann
Poser des questions aux gens qui le font. Aller sur LinkedIn, contacter quelqu’un et j’ai vu que tu faisais tel métier. Sur LinkedIn, tapez Oreegami, vous allez voir tous les alumni… J’ai vu que tu faisais le métier. Qu’est ce que ça veut dire ? Qu’est ce que c’est pour toi ? Comment est l’ambiance dans cette boite etc… Ça c’est important. deuxième chose, c’est multiplier les opportunités. Ça, c’est hyper important. Je vois trop de jeunes et moins jeunes aujourd’hui dire non. Tiens, on m’a proposé un entretien, mais c’est le métier m’intéresse, pas beaucoup. Je ne vais pas y aller. Si, il faut y aller, justement. Un, n peut avoir une bonne surprise, on n’est pas à l’abri. Et deux, on va dans cette discussion entendre d’autres choses. Peut être que le recruteur qui est en face, ce n’est pas pour vous, mais par contre je vous conseille de regarder tel truc. Ça peut vous intéresser par rapport à ce que vous m’avez dit…
Yann
Les recruteurs ne sont pas des chiens, ils sont là pour aider. Donc s’ils ont quelqu’un en face d’eux, qu’ils estiment être intéressant, ils vont vous donner des conseils. Allez déjeuner avec des gens, jamais refuser une information collective ou un truc autour de ça sous prétexte qu’il fait chaud ou qu’il fait pas beau. Ça, c’est vraiment important les rencontres, c’est là qu’on se construit son avenir : provoquer sa chance !
Bertrand
Et quand tu dis les rencontres, j’entends quand même les rencontres réelles, en physique ?
Yann
Oui, il y a les deux, il y a les rencontres virtuelles, mais là, on ne peut pas trop discuter avec les gens. Et puis il y a les rencontres réelles où là, on peut. Tiens, j’allais voir quelqu’un. J’ai entendu ton discours, j’ai vu que tu faisais ça. Ça m’intéresse. Qu’est ce que ça veut dire vraiment ? Etc… Ça, c’est hyper important. Et puis, qu’est ce que tu cherches là dedans ? Parce que je connais quelqu’un… Peut être qu’il cherche quelqu’un pour faire ça? Et de fil en aiguille, on se retrouve à passer un entretien et à le réussir.
Bertrand
Dans ce que tu avais évoqué dans d’autres entretiens, il y avait la sérendipité. Le fait de « provoquer sa chance ». Est-ce que tu peux détailler ça ? expliquer le mot, il n’est pas forcément connu par nos auditeurs. Qu’est ce que ça veut dire ?
Yann
Ce mot, il est connu dans un environnement scientifique et l’environnement de recherche. Parce que c’est souvent par sérendipité qu’on a fait les plus grandes découvertes.
Bertrand
On a découvert des choses un peu par hasard ?
Yann
On a découvert la colle par hasard.
Bertrand
Ça n’est pas ça qu’on cherchait.
Yann
On a trouvé la radioactivité, Pauvre Marie Curie, par hasard. Et donc on cherchait quelque chose, et puis tout d’un coup, boum, il y a quelque chose qui est apparu au milieu. Eh bien, c’est exactement pareil pour la vie. Vous allez déjeuner avec quelqu’un que vous n’avez pas vu depuis longtemps. Vous vous dites il a rien à me raconter ou j’ai rien à lui raconter. Et puis, au fil de la conversation, vous vous rendez compte que vous avez une connaissance commune, que cette connaissance, elle cherche quelqu’un pour l’aider à faire un truc. Vous vous êtes partant ou partante ? Et boum, c’est parti ! Et en fait, c’est toujours comme ça que ça fonctionne.
Bertrand
Donc c’est à la fois la sérendipité et provoquer sa chance ?
Yann
Ça peut provoquer la sérendipité !
Bertrand
On peut provoquer la sérendipité. Et dans les dernières choses que j’avais trouvé vraiment intéressantes, notamment par rapport à ce que tu fais chez Oreegami, c’était vaincre ses peurs.
Yann
On a, on a plein de gens qui arrivent chez nous avec des choses qu’on appelle « des croyances limitantes » en théorie cognitive. C’est à dire des gens qui sont persuadés qu’ils ne savent pas faire des choses. Et en fait, on est ses croyances. Donc si je me dis que je ne suis pas bon en math, je serai jamais bon en math, c’est certain. C’est pas parce que je me dis que je serais bon que je vais l’être. Mais c’est déjà une première étape. Et donc ça, ça se travaille. Ça ne se dit pas. Je peux dix mille fois à quelqu’un : « N’aie pas peur », il aura encore plus peur… Par contre, ça se travaille avec des gens. Nous, on a des coachs qui travaillent avec nos élèves et qui les accompagnent. Comprendre d’où vient cette peur, comment elle a été générée. Quelquefois, on va se rendre compte que c’est un professeur de primaire qui n’a pas été malin ou qui était peut être un peu maladroit et qui qui vous a mis ça dans la tête… Et du coup, vous êtes devenu votre croyance. En fait on n’est pas sa croyance, on le devient !
Bertrand
OK, merci beaucoup Yann. Vaincre ses peurs avec Yann Gabay, ton prochain bouquin ?
Bertrand
Je sais pas si c’est avec moi, c’est plutôt Perline la chef de ça. Elle est responsable du développement personnel et fait un travail de fou justement là dessus. On a une trentaine de coach avec qui on travaille pour vaincre ses peurs chez Oreegami, et c’est possible…
Bertrand
Merci beaucoup, a très bientôt.
Yann
Merci.