page title icon ÉPISODE 10 – L’atelier #1 Isabelle Rouhan et les métiers du futur

Épisode 10 : L’atelier du Gagne-Pain d’Isabelle Rouhan sur la route du succès

Dans l’Atelier du gagne pain, nous allons prendre le temps de rencontrer régulièrement des professionnels du recrutement. Avec eux, nous découvrirons un autre regard sur les métiers du digital. Dans ces ateliers, nous vous proposerons les conseils de ces professionnels pour faire les bons choix dans votre projet et vous aider à trouver le gagne pain qui vous convient.

Pour ce premier atelier, nous avons le plaisir d’accueillir Isabelle Rouhan, entrepreneur, présidente de l’Observatoire des métiers du futur. Avec son expérience. Isabelle est avec nous aujourd’hui, pour nous parler de son expérience et de ses conseils sur les métiers du futur

Merci à Isabelle, pour sa participation et nous espérons que l’écoute vous plaira ! Si vous aimez l’épisode, mettez-nous 5 petites ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ pour nous encourager.

Vous travaillez dans le digital et vous souhaitez faire connaître votre métier, partagez votre expérience ? 

N’hésitez pas à nous contacter pour nous proposer votre profil pour une prochaine interview en nous contactant via l’adresse legagnepain @gmail.com

Notes du podcast et liens utiles :

Notre invité : Isabelle Rouhan – Profil Linkedin

Interview faite par : Bertrand Jonquois – Profil LinkedIn

La retranscription de l’épisode 10 : l’atelier du Gagne-Pain : les métiers du futur

Bertrand
Bonjour et bienvenue, c’est l’atelier du Gagne-Pain. L’atelier du Gagne-Pain, c’est l’occasion d’interroger des professionnels du recrutement pour éclairer et conseiller les jeunes qui nous écoutent. Aujourd’hui, nous avons le plaisir et le grand avantage d’accueillir Isabelle Rouhan. Bonjour Isabelle.

Isabelle
Bonjour Bertrand,

Bertrand
Merci beaucoup d’avoir accepté l’invitation du Gagne-Pain. Comment présenter Isabelle? Isabelle est entrepreneur, présidente de l’Observatoire des métiers du futur. Elle est la créatrice de Colibri de talents, un cabinet de recrutement et de out-placement. Elle a publié « Les métiers du futur » en 2019 et a prolongé ce travail d’écriture avec un podcast qui s’appelle également « Les métiers du futur ». Je n’ai rien oublié, Isabelle?

Isabelle
Il y a plein de choses à ajouter puisque je suis également réserviste citoyenne dans l’armée de terre au grade de commandante. Ce qui me permet de contribuer à la direction des ressources humaines de l’armée de terre. Et effectivement, moi, j’aime bien toucher à tout ce qui interpelle sur le futur du travail. Le futur de l’emploi, c’est ma grande passion et j’ai la chance de pouvoir illustrer ça de plein de manières différentes,

Bertrand
Y compris avec l’armée, Bravo !

Isabelle
Y compris avec l’armée que je salue !

Bertrand
Dans l’atelier du Gagne-Pain, que nous inaugurons avec toi, nous avons pour objectif de proposer des conseils aux jeunes pour trouver un job, notamment dans le digital. Si ça te va, j’ai organisé cet entretien en quatre parties. Premières partie, sur les conseils pratiques, une deuxième sur les conseils un peu plus tactiques, une partie sur les conseils plus stratégiques, notamment, qui va s’appuyer sur les métiers du futur. Et puis une quatrième partie, opérationnelle tout de suite, avec le métier post-Covid. Qu’est ce qui va se passer suite à cette pandémie. Si on commence par les conseils pratiques, on peut parler rapidement, CV Profil LinkedIn. Qu’est ce que tu conseilles à ceux qui nous écoutent?

Isabelle
Alors, je conseille surtout de se préoccuper beaucoup de son profil LinkedIn. Je pense plus important comme carte de visite que le CV. Le CV, il y a deux ou trois règles d’or. Bien sûr, faire en sorte qu’il tienne sur une page qui soit très lisible, que la photo soit accrocheuse et vous représente vraiment. Mais il n’y a pas de règle d’or du CV. Par contre, LinkedIn, il y a vraiment des choses à connaître pour être efficace et être repéré par les recruteurs. Ça démarre déjà dans le fait d’avoir une communauté qui soit importante et bien animée. Donc je ne peux que vous engager à publier de manière extrêmement récurrente des contenus qui soient pertinents et qui vous soient propres. Pas simplement partager, mais vraiment publier. Il faut aussi illustrer un maximum vos compétences. Donc, le plus de compétences, on peut mettre jusqu’à 50 sur LinkedIn, donc le plus de compétences, tu peux mettre en avant, le plus tu peux être recommandé sur ses compétences et le plus ce sera efficace.

Bertrand
Est ce qu’il y a des erreurs classiques que tu as déjà repérées, qu’il faut éviter?

Isabelle
Mentir !

Bertrand
il y en a eu une aussi que je vois souvent. C’est Je suis en recherche de… Est ce que tu penses que c’est une bonne idée ?

Isabelle
Non, je pense que je pense qu’il faut oublier. Je pense que c’est beaucoup plus efficace, de dire je efficace là-dedans, j’ai envi de, je suis expert de, je suis spécialiste de. C’est beaucoup plus parlant. Et de toute façon, LinkedIn propose aujourd’hui un badge vert Open to work, qui est très clair, qui permet à tous les recruteurs de voir hyper nettement qui est à la recherche d’un nouveau challenge, d’un emploi, d’un apprentissage. Et ça, c’est chouette.

Bertrand
Sur la partie un peu plus conseils tactiques, on peut parler secteur parler entreprises. Quels sont les secteurs et les entreprises sur lequel tu penses que ceux qui nous écoutent doivent se concentrer.

Isabelle
En priorité le digital, puisqu’il y a 80 000 postes non pourvus chaque année en France du fait d’un déficit de compétences dans l’univers du digital. Donc, c’est vraiment un océan d’opportunités. Le digital est le secteur qui recrute le plus en France, donc il y a vraiment beaucoup de possibilités. Il manque 900.000 codeurs en 2021. A l’échelle européenne.

Bertrand
Qu’est ce qu’on peut faire pour répondre à cette offre? Qu’est ce qu’il faut faire pour répondre à cette offre et ce qu’il faut continuer à se former? Il faut regarder attentivement ces offres.

Isabelle
Il faut se former. Tout repose sur la formation et sur la capacité à se former en permanence. Parce que les métiers, notamment dans le digital, changent énormément. Les compétences techniques sont très volatiles. Donc, il faut, au delà de la formation initiale, être capable de se former en permanence. Et puis, le digital s’apprend en surfant. On ne va pas se mentir.

Bertrand
Est ce qu’il y a des petits trucs qui t’apparaissent importants, liés notamment, à cette période de pandémie. Dans l’organisation des rendez vous de recrutement, je pense notamment évidemment à la visio, est ce qu’il y a des choses là aussi auxquelles tu penses et qui peuvent être des bons conseils pour ceux qui nous écoutent?

Isabelle
Une bonne visio, ça se prépare, ça se prépare autant qu’un entretien en face à face. Alors je vais enfoncer quelques portes ouvertes. Bien sûr, il faut faire attention au fond derrière soi et être au calme. Mais un truc aussi qui fonctionne bien en visio, c’est d’essayer de se mettre debout parce que c’est très compliqué quand on est en entretien de recrutement, de transmettre de l’énergie à travers à travers un écran. Donc, plus vous vous tiendrez droit, plus vous vous mettrez debout, plus vous mettrez des très jolies chaussures aux pieds. Même si on les voit pas, c’est pas grave. Mais le fait d’être dans ces conditions là mentalement, de faire cet effort là, je pense que c’est important. Donc vous habiller, pas que le haut. Mettez les plus belles chaussures que vous avez et rien que, ça met dans l’ambiance.

Bertrand
On se prépare comme un entretien classique ?

Isabelle
on se prépare comme un entretien classique et on a aussi les astuces de l’entretien classique. C’est à dire que quand on fait un entretien classique, on n’oublie pas d’arriver avec une ou deux questions à poser à la fin. On n’oublie pas d’être à l’heure, on n’oublie pas de prendre des notes. Parce qu’il n’y a rien de plus désagréable pour un recruteur que d’avoir en face de soi quelqu’un qui ne prend pas de notes alors qu’on passe beaucoup de temps à pitcher le poste, l’entreprise et le contexte. Donc, il y a effectivement ces astuces là où c’est savoir être là qu’il faut avoir, y compris en visio,

Bertrand
Et se préparer un peu pour parler un peu, connaître l’entreprise. J’entends souvent ça aussi, non?

Isabelle
Connaître l’entreprise et surtout au-delà de entreprise, parce que quand on en est au stade de l’entretien, c’est qu’on a quand même passé les premières barrières. Arriver à exprimer en trois phrases très simples la valeur ajoutée qu’on a pour ce poste dans l’entreprise. C’est au delà de je rêve de travail dans cette boîte là. C’est pourquoi ce que je rêve de faire, ce métier là, dans cette boîte là, et pourquoi c’est moi la bonne personne. Si déjà on a la réponse à ça, on a fait un gros bout de l’entretien.

Bertrand
Et tactiquement, aujourd’hui, on a parlé du numérique. Mais s’il y a d’autres secteurs sur lesquels il faut se pencher, sur lequel il y a du potentiel ? Compte tenu justement de cette vision que tu as sur les métiers du futur ?

Isabelle
Alors je pense qu’il y a beaucoup de potentiel dans les métiers du soin et de l’accompagnement et tout type d’accompagnement. On manque de gens pour s’occuper de nos enfants, on manque de gens pour s’occuper de nos parents et on manque de gens pour s’occuper de nos clients. Il y a un énorme besoin… Plus on digitalise une relation client, plus on a besoin d’avoir un contact humain. Je crois que toute personne qui a passé un peu de temps avec un serveur vocal devient dingue et voit à peu près de quoi je parle. Et donc, il y a beaucoup de potentiel dans ces métiers là qui sont pour partie automatisable puisque c’est l’automatisation qui change les métiers du futur. Mais pour partie non-automatisable, on peut faire des choses avec un chat-bot. Mais dès que vous avez des requêtes complexes à traiter, il faut un humain. Et cet humain là, vous pouvez tout à fait le former à faire de la vente additionnelle. Tout le monde y gagne.

Bertrand
Donc là, on se rapproche de la troisième partie de ce qu’on voulait dire, c’est à dire les métiers stratégiques ou les conseils stratégiques que tu peux apporter. Donc, comment cette vision que tu as des métiers du futur peut influencer ceux qui nous écoutent dans le choix de leur formation et le choix de leur métier?

Isabelle
Au delà du choix d’une formation ou d’un métier, je pense qu’il faut surtout être extrêmement curieux. On se fait souvent une idée d’un métier et celle ci est parfois très éloignée de la réalité, de ce que ça peut être. Je pense que c’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce que tu fais aujourd’hui avec le Gagne-Pain en incarnant des métiers et, du coup, en permettant aux jeunes de se projeter dans un univers avant d’entamer des études. Il vaut mieux se projeter avant que après trois ou cinq ans d’études. Donc le premier conseil que je donne d’un point de vue stratégique, c’est soyez curieux, ouvrez vos chakras. Et effectivement, si tu peux essayer de te renseigner, si tu peux essayer de faire en vis ma vie une journée, avec un fleuriste, si tu veux devenir fleuriste, une journée dans une salle d’audience, si tu veux devenir avocat, une journée dans une agence si tu veux travailler dans une agence de publicité. Si c’est quand même souvent assez accessible, il y a peu de gens qui refusent de présenter leur travail ou de présenter leur quotidien. Donc, il faut souvent taper à la porte pour aller voir comment c’est en vrai, si on en a envie.

Bertrand
Alors, pour ces fameux métiers du futur, on parle souvent de l’obsolescence des compétences techniques. Est ce que tu peux nous dire un mot là dessus, parce que j’avoue que j’ai été très intéressé par ce que tu as dit sur ces sujets.

Isabelle
Alors, c’est pas moi qui dit en fait, c’est l’OCDE. Je relaye une étude de l’OCDE sur l’obsolescence accélérée des compétences techniques. Une compétence technique dans les années 70, elle avait une durée de vie de 20 ans. Donc, on allait à l’école, on se former à un métier. Éventuellement, on se reformer à mi parcours. Mais les carrières étaient relativement simples et relativement linéaires. Ça, c’est fini, terminé ! Aujourd’hui, une compétence technique dans le digital a une durée de vie entre 12 et 18 mois. C’est extrêmement court, à horizon 2025 sur l’ensemble des compétences techniques, on est sur des durées de vie un peu plus longues qui vont tourner entre 3 et 5 ans. Mais on est sur quelque chose qui, de toute façon, est extrêmement volatile. Et ça s’accélère. Le World Economic Forum estime que d’ici 2025, 50 % des employés auront besoin d’une requalification. Donc, en fait, ça s’accélère pour tout le monde, qu’on soit en début de carrière ou qu’on soit à la fin de son parcours. Tout le monde est concerné et du coup, ça crée d’une part un besoin massif de formation, et de formation tout au long de la vie et donc de curiosité. Et ça crée aussi un besoin extrêmement important de capitaliser sur un autre type de compétences qui, elles ont le bon goût d’être pérennes. Qui sont les compétences de savoir être les fameuses, Soft Skills?

Bertrand
Ca ça m’intéresse bigrement aussi parce que je trouve que c’est très intéressant de faire le parallèle entre ces deux compétences. Parce que celles-là, au contraire, elles sont durables.

Isabelle
Exactement. Elle progresse tout au long de la vie. Des Soft Skills, il y en a plein,

Bertrand
Resituons le débat pour ceux qui nous écoutent. C’est quoi un Soft Skills ?

Isabelle
Soft Skills, c’est des compétences dites douces et des compétences de savoir être. Donc c’est des compétences qui sont extrêmement importantes, mais pas toujours très bien mesurées ou pas, toujours très bien prises en compte. Ça va être l’agilité, la capacité à aller travailler en équipe, à savoir travailler en équipe. Ça va être le leadership, la capacité à porter une idée auprès des autres. La capacité d’apprendre à apprendre cette compétence là, par exemple, c’est peut être la plus importante. C’est la curiosité dans le savoir. C’est celle qui va servir tout au long de la vie, justement pour aborder ces métiers du futur et pour pouvoir se reconvertir régulièrement.

Bertrand
Et ces compétences là, elles ont un avantage, c’est qu’elles sont durables.

Isabelle
Exactement, elles sont durables. Plus on progresse dans le temps, plus on progresse dans la vie, plus on gagne en maturité, plus on apprend à se comporter en entreprise et plus ces compétences là, elles vont avoir une façon de se sédimenter.

Bertrand
Donc, ça veut dire qu’il y a un élément important dans le métier du futur, c’est qu’il faut se former en permanence ?

Isabelle
Exactement, c’est vraiment ça la clé. Il faut se former en permanence et il y a deux façons de se former en permanence. Il y a le fait de se requalifier. Je suis désolé, je vais faire un anglicisme, mais il y a deux façons de se requalifier, ce qu’on appelle l’upskilling. Donc, le fait de monter d’un cran en acquérant une compétence supplémentaire. Où il y a ce qu’on appelle le reskilling qui est là, le fait de changer complètement de voie et de changer complètement de métier. Ce qui est un peu plus long et prend souvent 12, 18 mois, 2 ans. Donc, il y a vraiment les deux façons de voir les choses qui sont complémentaires. Je n’ai pas trouvé le mot en français pour la requalification qui illustre cette nuance.

Bertrand
Est cette requalification là, elle est aussi très au cœur des préoccupations de la jeune génération. On voit beaucoup de gens qui se « reskill », qui changent de compétences, qui changent de métier et qui se disent je vais faire complètement autre chose. Donc ça aussi, ça fait partie des métiers du futur, de se dire je peux complètement changer d’environnement ?

Isabelle
Ça fait partie des métiers du futur et en fait, je pense que ce qui est clé, c’est de se dire c’est quoi mon coup d’après ? Ou est ce que je vais amener de la valeur ajoutée? Ou est ce que j’ai envie d’aller? Où est ce qu’il y a un besoin en entreprise ou sur le marché? Et du coup, comment est ce que je prépare ce coup d’après là? Est ce que c’est en formant? Est ce que c’est en allant chercher un métier un peu connexe dans l’entreprise où je travaille déjà? Mais comment est ce que je deviens toujours plus employable? C’est à chacun d’être acteur de son employabilité. Ce n’est pas le boulot de votre boss de vous rendre employables, c’est votre boulot.

Bertrand
Et il y a dans la même idée l’idée que l’on va changer de métier plusieurs fois dans sa vie. Ça aussi, ça m’a beaucoup intéressé. Dans ce que tu as écrit, repris, est ce que tu peux détailler cette notion là? Combien de fois on va changer de boulot? Aujourd’hui, quand on est un jeune qui rentre sur le marché de l’emploi?

Isabelle
Alors il y a plusieurs sources là dessus. Il y a plusieurs chiffres. Le chiffre le plus bas, c’est un chiffre qui est donné par un chercheur à Harvard qui s’appelle (Bob) Robert Kegan et qui dit qu’aujourd’hui, on va changer de métier six fois et demie dans sa vie. Et le chiffre le plus haut, c’est celui qui est donné par le World Economic Forum et il tourne autour de 9 à 10 fois. Je ne sais pas où est la vérité entre les deux.

Bertrand
Entre 5 et 10…

Isabelle
Entre 5 et 10. En tout cas, ce qui est certain, c’est que les carrières linéaires dans une seule entreprise ou on montait de grade ou de poste très régulièrement. Aujourd’hui, c’est plus ce qui est recherché et donc il faut s’apprêter à changer très souvent de métier. Je crois que j’ai changé 7 fois personnellement et j’ai 45 ans, donc je suis pas du tout au bout de ma vie, de ma vie professionnelle. Aujourd’hui, je change plus, je rajoute des métiers et je me rajoute des cordes à mon arc. Mais en tout cas, il faut effectivement se dire que plus rien n’est permanent, sauf le changement.

Bertrand
Isabelle, dans tes prises de parole et aussi quelque chose qui m’a beaucoup intéressé sur ce monde de plus en plus technologique. Mais en fait, les métiers vont être de plus en plus tournés vers vers l’humain, la relation client, l’écoute consommateur. Ça, c’est vraiment un sujet aussi sur lequel j’aimerais bien qu’on s’arrête quelques minutes. C’est un sujet qui doit vraiment intéresser tout le monde…

Isabelle
Oui. Et puis, ça peut être contre intuitif parce que c’est vrai qu’il y a parfois à bas bruit ou à haut bruit, je ne sais pas. Mais l’idée de se dire plus on met du digital et plus on met de l’intelligence artificielle et quelque part, on déshumanise les choses. Moi, je pense pas ça du tout. Pourquoi? Parce que ce qui change les métiers, c’est l’automatisation. C’est ça qu’il faut vraiment avoir en tête aujourd’hui la moitié des heures travaillées en France et potentiellement automatisable d’ici 2022, donc c’est absolument colossal. Mais ça ne veut pas dire que la moitié des métier, la moitié des emplois vont disparaître d’ici l’année prochaine. Heureusement, 5% des emplois pourraient être totalement automatisés et vont être concernés par des disparitions. Et en revanche, 60% des emplois vont être partiellement automatisés, ce qui, du coup, libère du temps. Justement, pour se pencher un peu plus sur la stratégie, sur les coûts de clients et sur et sur les besoins de formation. Moi, je me dis que l’automatisation, c’est plutôt positif. Ce qu’on automatise, c’est toujours quelque chose de répétitif. C’est souvent quelque chose de pénible. Donc l’idée, c’est de se dire ce qui est répétitif. Je lui délègue à la machine et qu’est ce que je fais du temps que ça me libère, pour être plus efficace dans mon job, pour être plus pertinent dans mon job et pour être plus épanoui, tout simplement.

Bertrand
Et on en revient quand même à la question de tout à l’heure qui est pour faire ça? Il va falloir se former pour changer de métier, pour faire évoluer son métier. Se former. Apprendre à apprendre.

Isabelle
Exactement.

Bertrand
Alors si on passe à la quatrième partie de cet entretien, moi, j’avais envie de m’arrêter aussi sur ce que tu peux apporter à ceux qui nous écoutent, sur les suites de ce qu’on vit en ce moment. C’est à dire cette crise pandémique qu’on a pris de plein fouet, qui a quand même considérablement changé le travail, la relation au travail, notamment avec les visio, le télétravail, le management à distance. C’est quoi ta vision de ce qui va se passer dans les quelques prochains mois quand on va réouvrir un peu normalement les entreprises?

Isabelle
Alors, je ne suis pas futurologue. Après, je pense que cette crise, elle a eu effectivement des conséquences dramatiques d’un point de vue sanitaire. Elle peut aussi être vue comme quelque chose de positif, en partie, sur le monde du travail, puisque, effectivement, elle a rendu possible le télétravail à très grande échelle pour de très nombreux métiers. Ça, c’est très positif dans certains cas, parce que ça permet à des gens qui sont pour certains éloignés de certains bassins d’emploi, pour d’autres des gens qui sont par exemple handicapés et qui ont plus de difficultés à se déplacer, de revenir dans le marché de l’emploi. Après, moi, je crois pas au tout télétravail ad vitam æternam. Je pense qu’on a quand même besoin d’avoir un sentiment d’appartenance à l’entreprise. Je pense qu’on a quand même besoin d’avoir un sentiment d’appartenance à son équipe, de connaître son manager, de connaître ses collègues, d’avoir des discussions dites de machine à café. Donc, je pense pas qu’on reviendra ou 100% présentielle. Parce que les gens quand même, ont pris goût à pouvoir en partie travailler chez eux et que de temps en temps, avoir une journée aussi où on est chez soi, où on peut gérer des sujets de fond sans être interrompu, c’est chouette. Et inversement, je pense qu’on sera pas en 100% distancielle non plus.

Bertrand
Donc, c’est un entre deux qui va se mettre en place. Par contre, ça voudra dire qu’il faut quand même apprendre à télétravailler beaucoup plus.

Isabelle
Il faut apprendre à télétravailler. Il faut repenser les bureaux. C’est à dire qu’il y a un moment où les bureaux, on ne va pas aller au bureau juste pour faire des zooms avec des collègues qui sont chez eux ça n’a aucun sens. Donc, il faut avoir une notion du bureau qui devient un espace de travail, on va dire de co-création et d’espace collaboratif qui va être un moment et un lieu de rencontre. Je vais au bureau parce que j’ai des gens à y voir et parce que j’ai des temps forts où je me retrouve en équipe, où je rencontre mes clients et je télétravail de chez moi au calme. Et ça me permet de faire les tâches de fond que je peux parfois moins bien faire au bureau parce que je suis sans cesse interrompu. C’est cette bascule qu’il faut faire. Et je pense aussi qu’on aura un essor de ce qui s’appelle les tiers lieux. C’est à dire des lieux qui sont pas votre bureau, mais pas chez vous. Il y a aussi des gens qui sont quand même en grande souffrance quand ils sont en télétravail, à domicile, quand ils n’ont pas un espace agréable pour travailler. Et on voit qu’il se développent de plus en plus de tiers lieux qui sont proches du domicile, mais qui permettent de travailler dans de bonnes conditions. Je pourrais citer l’expérience de la station Sainte-Omer, qui est une gare qui est devenue un espace de coworking et où certains, certains bureaux sont loués notamment par la métropole lilloise pour éviter aux collaborateurs d’avoir à faire le trajet tous les jours.

Bertrand
Et le management là-dedans? Là aussi, il y a des remises en cause sur la façon dont on va manager les équipes, pas simplement passer dans le bureau pour vérifier que tout le monde soit là ?

Isabelle
Alors, au delà du présentiel et effectivement, du manager qui check que tout le monde est là, je suis pas sûr que ce soit ça le rôle du manager. En fait, ce qui est complexe dans le management à distance, c’est qu’on perd toute la communication informelle. On ne sent plus, entre guillemets, ce qui se passe dans la tête du collaborateur. Alors qu’on peut le percevoir quand on est, quand on est dans la même pièce et quand on a des échanges réguliers. Moi, je le vois avec certains de mes clients. Je fais du recrutement et effectivement, j’ai des clients qui me disent il faut m’aider à recruter sur tel était le poste parce que j’ai eu des démissions que je n’attendais pas du tout. Le manageur n’avait pas perçu le fait qu’il avait en face de lui un collaborateur qui était en train de se désengager et de chercher ailleurs là où il l’aurait probablement vu s’il y avait eu des temps partagés en présentiel,

Bertrand
Est ce qu’il y a d’autres choses que tu vois suite à cette période de pandémie qui sont importantes à intégrer par rapport à la vie et au travail pour les jeunes qui nous écoutent?

Isabelle
Moi, je vois surtout une accélération incroyable. Tu vois, quand j’ai écrit le bouquin (Les Métiers du Futur) , je l’ai écrit en 2018, il est sorti en 2019. Je l’ai écrit avec cette fameuse perspective de 2030 et du chiffre de l’Institut du futur qui dit qu’en 2030, quand on est actuellement en train de se former dans 85% des cas, le métier qu’on n’effectuera n’existe pas encore. Et en fait, ce prisme de 2030, qui était pour moi quand j’ai écrit un horizon à 10 12 ans, il y a des choses qui sont en train de se passer. Maintenant, on est en 2021, donc en fait, il y a une espèce d’accélération de la transformation des métiers du travail, du lien distanciel / présentiel et de la digitalisation qui est phénoménale. Parce qu’en fait, il y a un moment où, le 17 mars 2020, on a dû tous y aller à marche forcée.

Bertrand
Merci Isabelle, est ce que tu souhaiterais ajouter des choses pour encore une fois accompagner ceux qui nous écoutent dans la recherche d’emploi, dans la recherche de métier, dans ce qu’il faut qu’ils fassent pour être le mieux dans leur métier de demain?

Isabelle
Soyez heureux dans votre métier de demain. Soyez curieux, soyez agiles, rencontrer des gens, rencontrer des gens en dehors de votre cercle habituel, en dehors de l’entreprise, vous faites votre stage ou votre alternance. Essayez en fait d’avoir un maximum de champ des possibles ouvert parce que c’est ça qui vous rendra extrêmement employable.

Bertrand
J’aime beaucoup cette idée d’être curieux. Pour conclure, parce que je pense que c’est un sujet majeur. On a besoin de curiosité sur tous les sujets.

Isabelle
Tout à fait.

Bertrand
Merci beaucoup, Isabelle.

Isabelle
Merci Bertrand.

L’épisode 10 du Gagne-Pain, l’atelier #1 et les métiers du futur, est également disponible sur :

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